J’ai passé une nuit paisible au point de ne pas avoir
entendu la pluie tomber !!
Et pourtant, lorsque j’ouvre les volets, je n’en crois pas
mes yeux….. le goudron est détrempé et les gouttes continuent à strier la
surface des flaques. Un regard sur l’horizon bouché ne me rassure pas sur le déroulement
de la journée.
Vu que la distance à parcourir aujourd’hui n’est pas très
grande, j’essaye de faire durer le plaisir du petit-déjeuner mais tout a une
fin même les choses les meilleures.
Au moment de partir, la pluie semblant moins intense, j’hésite
à m’équiper du poncho que j’ai failli laisser à la maison. Par mimétisme avec
les autres marcheurs, bien m’en a pris, j’enfile cet accessoire et je relégue l’appareil
photo au fond du sac.
Il n’y aura donc pas beaucoup d’images dans le récit d’aujourd’hui.
J’essaierai de suppléer du mieux possible à cette absence avec ma prose.
L’objectif premier est d’atteindre Nasbinals, distante de 3
kms, seule source de ravitaillement possible. Je ne me souviens même plus à
quoi ressemblait le chemin !!!!
Je revois l’arrivée dans cette petite bourgade à l’allure un
peu médiévale où beaucoup de choses semblent consacrées aux marcheurs.
Ce qui n’empêche pas certains d’être « faire play ».
Je pense à l’épicier qui, voyant ma grimace devant son jambon industriel, m’a
spontanément dirigé vers le charcutier.
J’ai du m’abriter dans l’église pour défaire mon paquetage
et mettre à l’abri mes provisions. Le plus dur fut de réenfiler le poncho par-dessus
tout cela. Heureusement, voyant ma détresse, deux marcheuses ont volé à mon secours en m’aidant
à ajuster ce précieux accessoire sur mon sac.
S’ensuivirent deux heures de marche à travers d’immenses pâturages
à l’herbe grillée par le soleil des semaines précédentes, ponctuées par le franchissement
de barrières qu’il fallait ouvrir puis refermer, naturellement. Au rythme de la
pluie s’atténuant ou s’amplifiant, je soulevais ou rabaissais ma capuche.
En fin de matinée, dans un léger creux, apparut soudain
Aubrac et ses deux vestiges de l’ancienne « Domerie » qui accueillait
les pèlerins.
Il m’a fallu chercher un moment pour trouver un semblant d’abri
sous les branches d’un arbre afin que l’eau ne vienne perturber mon
pique-nique.
Comme je finissais de manger mon jambon, la jeune Tchéque
rencontrée hier a eu la bonne idée de passer par là avec sa chienne qui a
profité du gras de ce jambon sans vraiment faire attention à mes doigts !!!!
Avant de repartir, comme j’étais un peu frigorifié je me
suis offert un chocolat chaud accompagné d’une petite douceur dans un établissement
à la vue panoramique sur le plateau.
La lumière cherchant à traverser les nuages donnait de l’éclat
à cette inhabituelle statue de poilu.
Profitant de l’arrêt momentané de la pluie, j’essaye d’immortaliser
la vision sur l’Aubrac
Avec aussi cette surprenante statue au milieu d’un champ.
Le chemin amorçant sa descente, les nuages, bloqués par les
sommets au loin, ont bien vite recommencé à déverser leur flot sur les
marcheurs.
Le terrain étant
recouvert de pierres lisses et glissantes, j’essayais d’y aller piano pour
arriver à bon devant ce pèlerin d’un
autre temps figé depuis des siècles à l’entrée de St Chély d’Aubrac.
Profitant d’une arrivée en début d’après-midi et d’une légère
accalmie, mes pas me permirent de découvrir le pont des pèlerins que je franchirai
demain
Ou encore cette inscription que je vous décrypte :
« fais ce que tu voudras avoir fait quand tu mourras »….à
méditer.
Voilà, la journée va se terminer par les agapes habituelles
en espérant que demain sera plus clément.
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